Sur-contrôle-conjugal-effacement-partenaire
- isabelbourdon
- il y a 21 heures
- 3 min de lecture
"Tu ne sais rien faire sans moi"

Une situation banale... en apparence
J’ai rencontré un couple dans la trentaine, ensemble depuis plus de 10 ans.Ils venaient consulter avec un motif assez courant :
“On ne s’entend plus sur rien.”
Mais dès les premières séances, une dynamique beaucoup plus fine s’est dessinée.Un déséquilibre relationnel insidieux, presque invisible… sauf pour celui qui le subit.
Une parole à sens unique
Elle parlait beaucoup. Pour deux. Elle racontait, expliquait, interprétait même ce que son conjoint "allait sûrement dire". Elle disait, avec agacement :
“Il oublie toujours. Je dois tout vérifier. Même pour les enfants, c’est moi qui pense à tout.”“Je lui dis comment faire, sinon ce n’est pas fait correctement.”
Lui, au début, restait en retrait.Il acquiesçait. Ou souriait vaguement.Puis, doucement, une phrase est sortie :
“J’ai arrêté d’essayer. J’ai l’impression d’être traité comme un enfant.”
L’humiliation douce : quand ce n’est pas frontal, mais constant
Ce que cet homme exprimait n’était pas de la violence physique ni verbale.Mais une forme d’humiliation diffuse, quotidienne.Une place d’adulte progressivement effacée.Un homme qui ne décide plus, qui n’ose plus, qui ne parle plus.Pas parce qu’il ne veut pas. Mais parce qu’il ne peut plus.
Il disait se sentir :
Dévalorisé
Dévirilisé
Déresponsabilisé
Même sur des sujets qui le concernaient directement.
Ce qu’elle pensait être “aidant” était en fait… une prise de pouvoir affective
En séance, nous avons mis au jour la mécanique relationnelle :
Elle projetait un besoin de contrôle. Pour se rassurer, cadrer, anticiper.
Lui se retirait, dans une posture d’enfant jugé, incapable.
Ce que Madame pensait être de l’aide, de l’efficacité, ou même de la protection, avait pour effet de rigidifier leur lien :
L’un décidait, guidait, reprenait.
L’autre exécutait, ou fuyait.
Revoir les rôles. Redonner une juste place.
Le travail thérapeutique a consisté à restructurer les rôles affectifs :
✔ Identifier, chez elle, ce qui relevait d’un besoin de sécurité (lié à l’enfance ? à un modèle parental exigeant ?)
✔ Explorer, chez lui, ce qui freinait la prise d’initiative, la parole, le sentiment d’être désiré pour lui-même
Je lui ai posé une question essentielle :
“Qu’est-ce que vous craignez s’il décide sans votre validation ?”
Cette question a tout changé. Elle a permis d’ouvrir un espace de vulnérabilité. De faire émerger une peur profonde :
→ celle de relâcher le contrôle
→ celle d’être déçue
→ celle de faire confiance
Et si ce n’était pas de l’amour... mais du contrôle déguisé ?
Ce genre de relation existe plus souvent qu’on ne le pense.Pas toujours visible. Parfois même valorisée (“c’est elle qui gère tout”).Mais en réalité, elle peut devenir étouffante, pour l’un comme pour l’autre.
Être aimé, ce n’est pas être corrigé en permanence.
Être en couple, ce n’est pas prendre toute la place.
Et vouloir bien faire ne justifie pas de dévaloriser.
À retenir
Le sur-contrôle est souvent un symptôme de peur, pas de puissance.
Le retrait affectif peut être une défense face à la dévalorisation.
Le changement passe par une prise de conscience partagée, pas par la culpabilité.
Et vous ?
Avez-vous déjà été dans cette dynamique ? Du côté de celui qui contrôle ? Ou de celui qui se tait ?Ce sont des schémas que l’on peut déconstruire… si l’on prend le temps de les regarder ensemble.
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