Avant de vous parler de la culpabilité, je vous invite à imaginer 3 personnages présents dans votre psychisme :
Le Ça, personnage débridé qui règne sur toutes vos pulsions, désirs
Le Surmoi, personnage exigeant qui est à la fois Policier, Juge, Jurés, Bourreau. Il fait pression sur le Moi grâce à la culpabilité.
Le Moi, personnage modérateur, négociateur qui cherche à calmer les demandes opposées des deux autres pour éviter le conflit.
Mais revenons à notre sujet.
La culpabilité commence par le regard de l’autre puis sa parole.
Rappelons que le tout-petit est en état de dépendance vis-à-vis de sa mère. Sans elle, il est en danger de mort car dans l’incapacité de subvenir à ses propres besoins.
L’enfant va être très attentif aux demandes de sa mère et la culpabilité naît de cette attention et de l’angoisse (c’est-à-dire l’appréhension de ne pas gérer ses pulsions venant du Ça comme celles de l’agressivité. Un enfant peut avoir envie de mordre le sein de sa mère). Donc par crainte de perdre l’attention de sa mère, l’enfant intériorise très tôt les interdits.
La culpabilité est l’outil préféré des adultes :
Durant sa deuxième année, l’enfant agit seulement avec son cerveau limbique, il n’a pas encore développé son cerveau rationnel (il existe 3 cerveau: cerveau reptilien ou archaïque pour satisfaire nos besoins vitaux, cerveau limbique qui gère nos émotions et le cerveau rationnel ou cortex qui nous permet d'accéder à la pensée). Ses colères sont fréquentes pour obtenir telle ou telle chose. Si le parent ne lui présente pas une autre alternative que ce qu’on lui interdit et si lui-même se met en colère, il va alors prononcer des paroles culpabilisantes alors que l’enfant n’est pas responsable, il est juste immature pour se calmer lui-même mais il gardera en mémoire de manière inconsciente les propos culpabilisants.
Le « Dis bonjour » de la maman qui souhaite que son enfant soit bien intégré dans la société, met l’enfant en faute de ne pas l’avoir dit et donc le rend coupable. Or l’enfant n’a aucune notion de ce qu’est une bonne journée.
La stratégie du retrait d’affection « puisque c’est comme cela, tu n’es plus mon enfant…je me désintéresse de toi » entraine la soumission de l’enfant pour faire plaisir mais cela provoque en lui un sentiment d’humiliation, d’insécurité et favorise la mésestime de lui.
Loin de moi d’incriminer les parents, souvent nous reproduisons notre éducation. Ce qui est important pour l’enfant, c’est de se sentir en sécurité, c’est-à-dire d’être aimé et de ne pas supposer déplaire à ses parents.
La seule stratégie permettant de renforcer l’empathie de l’enfant et de réparer la culpabilité (acquise lorsqu’il était bébé) est la formule magique du « Ce n’est pas grave ! » suivi d’une explication des conséquences du comportement de l’enfant sur autrui.
Un Surmoi très fort peut générer un sentiment de culpabilité d’exister : c’est le syndrome de Cendrillon. Pour apaiser le sentiment de culpabilité né de la petite enfance, l’individu cherchera à se malmener en s’interdisant inconsciemment le bonheur et en se sacrifiant aux autres pour réparer des fautes imaginaires. Il pense être là pour satisfaire les besoins des autres et a une négation de lui. Il se critique, se déteste en se complaisant dans une posture de victime. Servir l’autre est une façon de ne pas trop ressentir la faute d’exister.
Le Surmoi, bras armé de la culpabilité, n’est jamais objectif, il vous punit pour la réalisation des désirs et il est doublement sévère lorsqu’il est obéi en vous accusant d’avoir renoncer à vos désirs. Ne pas l’écouter est de l’ordre de la psychopathie (un être qui n’éprouve aucune culpabilité face aux douleurs d’autrui) et trop l’écouter transforme la vie en enfer.
La culpabilité est installée définitivement depuis l’enfance et ne vous quitte plus.
La thérapie ne fait pas disparaître la culpabilité mais elle permet d’aménager un rapport avec elle qui soit supportable en s’interrogeant sur les bien-fondés de ce sentiment. Le travail de la thérapie se portera sur l’estime de soi.
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